
Il est de ces heures où je me sens minable, de ces heures nocturnes qui me tiennent éveillée, le jugement à mon chevet.
Il est de ces heures où des eaux poisseuses engluent toutes perspectives, où la lumière manque, où tout me paraît glauque, mou, flasque, informe, sans tenue ni dynamique.
Il est de ces heures où l'à-venir ne fait plus sens, où, tapies dans l'ombre alentour, les peurs m'assaillent et dessinent des contours d'incapacité, me racontent des histoires de "tu vas pas y arriver".
Il est de ces heures où le sentiment de nullité afflue, imprègne tout et s'enfle de comparaisons qui s'insinuent poison.
Il est de ces heures où des regrets bavards se font tribunal, où les reproches se présentent, verdicts sans appel, des heures où ma gorge se serre.
Il est de ces heures étouffantes où je peine à respirer.
Il est de ses heures amères, imbuvables, indigestes, nauséabondes.
Il est de ces heures vaseuses troublant toutes perceptions, de ces heures nauséeuses qui file un mauvais coton.
Il est de ces heures où la détresse hurle, où la panique oppresse.
Il est de ces heures qui -me- mènent la vie dure.
Mais je sais maintenant que d'ici quelques heures, apparaîtront les premières lueurs, que toujours, la nuit fait place au jour. Tel un phare quand la tempête fait rage, quand les bourrasques font chavirer, l'expérience pour point d'ancrage, je m'en souviens, alors que tout incite à l'oublier.
Je sais que le jour va se lever, dissiper les brumes épaisses, offrir au cœur de se desserrer, à la respiration de retrouver son amplitude.
Je sais à présent la force et la sécurité de ma main qui me tient, le réconfort de ma propre étreinte, l'assurance que je ne me lâche pas, la certitude d'être à mes côtés, les soins que je sais me prodiguer. Hauts et creux de vagues je suis là, avec moi, pour moi, bras ouverts, durant la traversée, jusqu'au rivage, après encore.
Comments